Transcription des lettres de Pierre Garcelon
Le pasteur, Pierre
Garcelon a envoyé son fils James en apprentissage à Londres,
probablement âgé de 10 ans.
Voir la note dans
cette page. Au moment de cette lettre, James a 11 ans, né le 4 avril
1739.
Lettre 1, page1,
St Pierre du Bois ce 4 janvier 1750
Ce que j'apprends de vous, indigne fils d'un si bon père, m'afflige si
fort que j'ai de la peine à tenir ma plume pour vous écrire,
est-il possible qu'après vous avoir donné la vie, vous me donniez la
mort par vos infâmes actions,
est-ce ainsi que je vous ai appris à craindre Dieu et à le servir,
est-ce ainsi que je vous ai recommandé de vous comporter et de vivre
dans le monde,
est ainsi que vous répondez à mes soins et à mes peines,
est-ce ainsi que vous faites honneur à mes cheveux blancs, mais si cela
ne vous touche pas, car vous avez toujours eu un coeur de pierre et un
naturel barbare, que votre salut vous touche, craignez au moins la
perte de votre âme qui est déjà condamnée. Si vous ne vous repentez et
ne vous amender par cette sentence de Saint-Paul au chapitre 6 de la
première aux Corinthiens verset 10 : ne vous abusé pas dit-il, ni
les paillards,
page 2,
ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés c'est-à-dire les
mâles qui commercent avec d'autres mâles, ni ce qui commettent des
péchés contre nature, ni les larrons, ni les avares et n'hériteront
point le royaume de Dieu.
Voilà le malheureux sort de ceux de votre caractère pour la vie à
venir, mais dans cette vie, même le crime dont vous êtes coupables est
puni par les hommes de la mort la plus triste, la justice condamne à
être brûlé à petit feu ceux qui commettent ces infâmes actions.
J'espère par la grandeur de Dieu qui a ramené tant de pêcheurs de leurs
égarements, que mon exhortation vous touchera et vous portera à tenir
une meilleure conduite, car je vous proteste que si j'apprends, qu'à
Dieu ne plaise, que vous continuez une si détestable vie, je pars
incontinent pour Londres et vous fait mettre dans un vaisseau qui aille
dans l'autre monde et vous y laisse afin que je n'entende jamais plus
parler de vous, vous pouvez m'en croire sur ma
parole, je le ferai sans regret, car vous êtes indigne de mon amitié et
puisque vous ne vous comportez pas à la garde de Dieu comme vous devez
et que vous ne prisez l'enseignement de votre père à qui vous avait
donné tant de peine et de chagrin, je vous verrai partir comme le
dernier des étrangers à qui je ne prends nul intérêt.
Si vous voulez donc regagner mon amitié et vous réconcilier avec Dieu,
assez de mal et apprenez à bien faire com___
l'écriture , renoncez à vos vices et pratiquez la vertu obéissez à
votre maître et soyez sage, honnête et prudent dans vos voies,
donnez-moi cette consolation et je vous promets que vous trouverez un
cour de père.
Ne m'obligez par votre libertinage à vous abandonner, au contraire que
votre conduite à l'avenir me porte à oublier le passé.
C'est ce que souhaite le plus infortuné de tous les pères et c'est ce
que je vous recommande pour l'amour de Dieu et pour le salut de votre
âme.
St Pierre du Bois ce 4 janvier 1750=51
Signé Garcelon.
Pierre, le frère
aîné, à 27 ans, né le 16 mars 1723. Soit 16 ans de différence.
Pierre se marie le 6 juillet 1752 à Jersey,
Dans la lettre ci-dessous, James a 14 ans, il a trouvé du travail à
Boston venant de Londres.
plus tard, au fil des lettres, nous le trouverons à Cap Ann
ici une carte
situant ces lieux.
Il est fait mention de Lisbon dans d'autres lettres, ville proche de
Lewiston,
haut lieu des Garcelon, avec l'imposant cimetière Garcelon .
Monument
dédié à James Garcelon ancêtre des Garcelon d'Amérique -
détail
D'après ce courrier, James est absent depuis 1 an, il a peut-être
visiter ses parents à Guernesey avant d'aller Boston, au
printemps 1752.
Un voyage transatlantique à cette époque est, pour nous, difficile à
imaginer.
Faites voyager vos jeunes enfants seuls dans une tel expédition !
(Londres > Guernesey > Boston.)
Lettre 2, page 3,
À Saint-Pierre du bois le 9 juin 1753
Mon cher Jimmy
Je reçu la lettre que vous m'envoyâtes par le retour du vaisseau qui
vous avait amené à Boston. Elle me donna beaucoup de plaisir en
m'apprenant que Dieu vous avait heureusement conduit et que vous êtes
chez un maître qui vous traître bien. Dieu veuille que cela continu, il
faut aussi de votre part mon cher ami faire votre devoir en honnête
garçon, être bien obéissant et fidèle, craindre Dieu, le servir et le
prier de vous bénir. Si vous le faites comme je vous l'ai toujours
recommandé et vous le recommande en bon père, il ne vous manquera pas
d'avoir soin de vous et vous me
donnerez la plus grande joie que je ne saurais jamais avoir dans ce
monde. Je vous en prie mon cher enfant, comportez-vous comme un jeune
bien né et bon chrétien doit faire, si vous le faites, vous prolongerez
mes jours et si vous faites autrement vous les abrégerez.
Voilà déjà un an de passé depuis que vous êtes hors d'ici, peu à peu
vous irez au bout de votre temps, et Dieu nous fera la grâce de nous
revoir ici ensemble, prenez courage, et rendez vous capable de gagner
votre vie en travaillant. Toutes les professions sont
page 4,
bonnes et honnêtes quand on les exerce avec honneur au nom de Dieu.
Encore une fois mon cher enfant, soyez sage
et servez bien et fidèlement votre maître. Je vous prie de lui faire
mes humbles à compliments et de l'assurer que si je pouvais lui faire
quelque plaisir ici ou ailleurs je le ferai avec grand plaisir. Je
salue, aussi, Madame votre maîtresse.
Je ne vous enverrai point de pistolet parce que de telles armes ne vous
seront point nécessaire. Si votre maître trouve que vous ayez besoin de
quelque chose, je le prie de vous le donner, jusqu'à cinq shillings par
an et qu'il tire sur William d'Obrée à Londres ou à Monsieur Pierre
d'Orbrié à qui j'ai donné l'ordre de les payer. Vous aurez de moi tout
ce qui sera honnête si vous comportez bien.
Votre frère Pierre vint ici il y a un an (1752), il était en
bien un bon
équipage, toute l'île, s'entend les messieurs, lui firent
civilité et il aurait pu monter un vaisseau s'il avait attendu mais il
voulut aller à Jersey. Il y devint amoureux d'une créature peut estimée
et la maria. Il en eut tant de regrets après ce mariage, qu'il s'en fut
de Jersey à la Filadelphie où
il est contremaître de capitaine Coultès, je lui ai envoyé son coffre
de mer et ses hardes à Filadelphie car il m'a mandé, qu'il ne veut pas
revenir dans les îles,
page 5,
il m'a demandé votre adresse que je lui ai aussi envoyée, vous voyez
que j'ai bien eu du chagrin de ce mariage et que j'en ai encore, ne
m'en donnez pas davantage vous-même et compter que je vous serai
toujours bon père et bon
conseiller et de plus votre bon et tendre ami.
Signé Garcelon
À Saint-Pierre du bois le 9 juin 1753
Nous nous portons tous bien Dieu merci, votre mère et toute la famille
vous embrasse,
à Dieu mon cher ami soyez sage.
Vos parents de Bordeaux se portaient bien il y a un mois. (il
doit s'agir de ses grands- parents Bedat)
Ne manquez de m'écrire le plus souvent que vous pourrez et j'en ferai
aussi de même, adressez vos lettres à Monsieur Pierre d'Orbrié à
Londres pour faire tenir à Monsieur Pierre Garcelon recteur de
Saint-Pierre du Bois à Guernesey
Lettre 3, page 6,
À Guernesey le 12 septembre 1753
Mon pauvre Jimmi, mon cher enfant
Depuis quelque temps, j'ai su que Monsieur Rivoire que tous connaissent
ici à un cousin germain à Boston orfèvres ou argentier de sa profession
dans ledit Boston c'est par cette voie que je t'écris celle-ci et qui
j'espère sera rendu peut-être avant une autre que je t'écrirai au mois
de mai. Je t'exhorte mon enfant à être bon, sage et craignant Dieu avec
cela tu ne peux manquer de faire une honnête fortune. Donne-moi de tes
nouvelles le plus souvent que tu pourras. Nous sommes en bonne santé
Dieu merci. Je le prie de te conserver la tienne, ta mère et la
famille ___.
Ton frère Pierre qui s'est marié à Jersey il y a quinze ou seize mois
avec une créature de par les rues, me mande qu'il doit être à Boston à
Noël et me prie d'envoyer ses hardes qu'il a laissées à Saint-Pierre,
j'adresse son coffre à
Monsieur Rivière à Boston. Si ton frère va te voir, je te prie de ne
point
le suivre ___., à la petite fortune, outre que ton maître te trouverait
partout où tu sois et te ferais châtier je ne te pardonnerai jamais si
tu le quitte avant la fin de ton temps. Voilà quelques années de
passées et peu un peu tu deviendras ton maître et nous aurons la joie
de
page 7,
nous revoir s'il plaît à Dieu. Cette espérance mon cher ami doit
nous soutenir je te recommande à la grâce du tout-puissant.
Compte toujours sur le coeur de ton bon père si tu es sage à Dieu je __
parfaitement à toi
Signé Garcelon
À Guernesey le 12 septembre 1753
À cette date James a
14 ans
Lettre 4, page 8,
Je suis bien surpris mon pauvre James que vous ne m'ayez pas écrit par
Monsieur de Jersey, qui m'a dit qu'il vous avait vu quelque temps avant
que de partir de Boston pour venir ici, j'eusse été bien aise de savoir
de vos nouvelles par deux mots de lettres de votre main et je vous prie
de ne pas manquer dès que vous le pourrez faire. Vous avez dû recevoir
une lettre de moi par Monsieur Rivoire orfèvre qui demeure à Boston à
qui j'ai envoyé le coffre de mer de votre frère Pierre qui m'avait
mandé de le lui envoyer c'est parce qu'il devait y aller, mais il a
pris
un autre voyage et il ne sait s'il ira à Boston et me mande qu'il doit
venir ici avant d'aller ailleurs je le crois en Angleterre suivant la
lettre
qu'il m'a écrit il y a environ trois mois. Je vous ai déjà amendé qu'il
est marié à Jersey je n'ai pris nulle connaissance de son mariage par
ce qu'il s'est marié sans rien m'en dire avec une créature ____plus __
de se
repentir.
J'envoie trois shillings à Monsieur Rivière de Boston pour vous faire
tenir en deux fois faites en bon usage et si vous êtes sage et bon
enfant vous
ne manquerez de rien, ayez la crainte de Dieu, soyez obéissant à votre
Maître et fidèle en
tout ce qu'il vous
page 9,
confie, ne me donner pas les chagrins que m'a donnés
votre frère Pierre.
Toute la famille se porte bien Dieu merci, ma femme
et votre soeur Manon de même que William vous embrasse.
Adressez vos lettres quand vous m'écrirez à Monsieur Rivoire de Boston
qui aura la bonté de les envoyer à Monsieur Mathieu Perchard qui me les
fera tenir ici. À Dieu mon cher enfant, je vous recommande à la
protection et à la grâce
et aux soins de ce bon père, n'oubliez pas de le prier soir et matin,
Madame Mativier femme du ministre est morte en couche, Monsieur Pierre
d'Aubrey de Londres est mort aussi.
Tous nos amis vous embrassent et vous souhaitent santé et bonheur.
Je vous embrasse moi-même tendrement donnez-moi au plus tôt de vos
nouvelles je suis de tout mon cour votre très affectionné père.
Signé Garcelon
à Saint-Pierre du bois le 20 avril 1754
Je vous prie de dire mes compliments à Monsieur votre Maître et à
Madame votre maîtresse, et de les assurer de mes respects, à Dieu
encore une fois mon cher enfant.
page 10
Au dos de la page : "c'est la dernière lettre que j'ai eue".
Note au milieu de la page : mon cher frère James vous embrasse de tout
mon cour signé William Garcelon
James s'est marie
le 29 février 1760 à Gloucester âgé de 21 ans. Gloucester est près de
Cap Ann.
lettre 5, page 11,
à Saint-Pierre du Bois le 2 janvier 1762
Mon cher enfant James
Je suis bien surpris de n'avoir pas reçu de vos nouvelles depuis que
vous m'écrivîtes de Lisbon la seconde fois, il y a plus de quinze mois.
Je fis d'abord réponse à votre lettre, je crains bien que vous ne
l'ayez pas reçu quoi que j'aie pris toutes mes précautions pour vous la
faire tenir.
Votre lettre me fit beaucoup plaisir en m'apprenant que vous êtes
marié à une honnête femme et d'une honnête famille. Cela étant, vous
ne pouvez pas manquer de vivre heureux ensemble, car ce n'est pas le
bien qui fait notre
bonheur dans ce monde. Comme je vous demandais dans ma dernière lettre
en vous souhaitant joie sur votre mariage, ce que je fais encore,
priant Dieu de vous bénir, votre femme et votre famille de ses plus
précieuses bénédictions, mais pensez bien mon cher enfant, que pour
vous les attirer il faut avoir la crainte du tout-puissant, le servir
en bon chrétien, et vivre en honnête homme.
Vous me mandiez que vous souhaitez de venir vous établir dans cette
île, si vous pouviez y avoir de l'emploi dans quelque vaisseau, hélas,
je le souhaiterais autant que vous-même pour avoir la joie de vous
embrasser avant de mourir, mais votre parrain qui est mort depuis trois
ans et qui aurait pu vous avancer n'étant plus, je n'ai plus d'amis en
ville où tout a changé depuis vingt-deux ans que j'en suis sorti, outre
que la navigation n'est pas dans cette ile comme autrefois, la guerre a
tout changé ainsi si peu que vous ayez où vous êtes, il ne faut pas le
quitter pour avoir peut-être pis. Si la paix vient comme il faut
l'espérer avec la grâce de Dieu les choses pourront changer et
peut-être se trouverez-vous
alors l'occasion de venir faire un tour en Angleterre et d'Angleterre
venir en Guernesey. J'en aurais un grand plaisir si cela arrivait pour
vous embrasser dans ma vieillesse et vous dire le dernier adieu.
Il y a ici quelques pièce d'argenterie qui vous appartienne et je
serais bien aise de vous remettre en mains propres ou de vous la faire
page 12,
tenir si j'en trouvai l'occasion, avec quelque autre chose pour ma bru
votre femme. je vous apprendrai avec douleur que votre frère William a
eu le malheur de se noyer le 10 mai dernier à bord du vaisseau
capitaine __? dans une rivière do Hollande, le pauvre garçon avait
seize
ans moins un mois. Je vous laisse à penser le chagrin que nous avons eu
d'une si triste mort, surtout sa mère, car c'était un jeune homme fort
sage et qui promettait beaucoup j'ai reçu depuis peu une lettre de
votre frère Pierre qui m'a fait plaisir en ce qu'il me mande aussi de
vos nouvelles. À Belle-Ile qui est une place que nous avons prise sur
les Français l'été dernier, le marin, qui lui parla de vous, lui a dit
vous connaître parfaitement de même que votre femme et que vous étiez
homme d'honneur à
Cap Ann, Dieu veuille mon cher ami qu'il en soit
ainsi. Votre frère Pierre n'est plus voilier dans le vaisseau du roi :
le "Painbrock" il a été changé il est présentement dans le vaisseau
nommé "l'Elgar" de 70 pièces de canon comme le
"Painbrock "et il y a la même commission de maître voilier. Il y a 6
ans que je ne l'ai vu, mais il me promet de me venir voir dès qu'il
arrivera en Angleterre où il espère que l'escadre dont il est doit être
en bref à Portsmouth, il souhaite passionnément de savoir de vos
nouvelles aussi bien que de moi. Si vous voulez m'en donner comme je
vous en prie, le plus sûr est d'adresser vos lettres à Londres à
Monsieur Mathieu Perchard afin de faire tenir à Monsieur Pierre
Garcelon recteur de Saint-Pierre des Bois.
Monsieur Perchard est un grand négociant et un de mes amis qui ne
manquera pas de me faire tenir vos lettres. Je lui envoie celle-ci pour
l'acheminer à Cap Ann.
Manon votre soeur aînée âgée de dix-huit ans
ayant fait son apprentissage de couturière pour les femmes est depuis 4
mois à Cantorbéry pour se perfectionner dans sa profession. Je
puis vous assurer que c'est une fille de mérite et d'esprit elle se
fait aimer de tout ce qui la connaisse. Elle eut une véritable joie
quand vous nous fîtes savoir que vous étiez marié avec une honnête
personne, elle m'a toujours recommandé de vous faire ses compliments
quand je vous écrirai. J'ai encore quatre filles auprès de moi, dont la
plus
page 13,
âgée de 14 ans et la plus jeune six, les autres deux, l'une
onze ans et l'autre huit et demi, elles sont toutes, Dieu merci,
bien faite et ne manquent pas d'esprit pour leur âge. Tout a changé ici
depuis que vous êtes sortis de Guernesey, nous avons un
nouveau gouverneur ___, nouveau bailli, plusieurs nouveaux
magistrats et plusieurs nouveaux recteurs, il ne reste plus de ceux que
vous connaissiez que les recteurs de la ville de Saint-Sauveur et
moi-même.
Votre mère et vos soeurs vous embrassent et vous souhaitent une bonne
et
heureuse année aussi qbien qu'à votre chère femme et à vôtre famille.
Je fais pareillement la
même chose et vous __ une fois de m'écrire le plus souvent que vous
pourrez et mettez
bien notre
nom de Garcelon sur vos lettres mieux que vous n'avez fait par le passé
car au lieu de Garcelon vous avez mis Gosson et c'est une merveille que
vos lettres m'aient été rendues ajoutez-y aussi dans l'adresse Garcelon
recteur à Saint-Pierre
du Bois à fin qu'elles me soit rendues plus sûrement.
À Dieu mon cher ami je suis toujours votre très affectueux et tendre
père.
Signé Pierre Garcelon
Je n'ai point de nouvelles de vos parents de Bordeaux, mais Monsieur
Billot me dit dernièrement que votre grand-mère était encore vivante il
y a un an. La guerre empêche qu'on puisse s'écrire les uns les autres.
à Saint-Pierre du Bois le 2 janvier 1762
Lettre 6, page 14, 15
À Saint-Pierre ce 20 juin 1764
Mon cher enfant,
Je t'écrivis hier une autre lettre qui doit passer par Québec et
celle-ci par une autre place afin qu'une des deux parvienne jusqu'à
toi. Je t'ai écrit plusieurs fois ci-devant, il y a bientôt quatre ans
que je n'ai pas eu de tes nouvelles je ne suis pas surpris si nous ne
recevons pas de lettre l'un de l'autre, tu adresses les tiennes comme
si mon nom été
Goslen et je t'adresse les miennes sous le nom de Garcelon qui est ton
véritable nom, je ne puis deviner qui t'a obligé à changer de nom car
celui de Goslen n'a jamais été le nôtre, ainsi à l'avenir adresse des
lettres à Monsieur Mathieu
Perchard à Londres pour Pierre Garcelon recteur de Saint-Pierre des
Bois à Guernesey. Cependant je t'adresse cette lettre sous le nom de
James Goslen puisque tu n'en puis recevoir autrement de moi, j'ai
adressé ci-devant mes lettres à
Capitaine Daniel Gibbs à Cap Ann. Je l'ai mandé que j'approuve ton
mariage et vous ai donné ma bénédiction. Dans la dernière lettre que
j'ai reçue de toi, tu me mandais que tu souhaitais avoir de l'emploi
dans cette île, mais comme je te
l'ai déjà fait savoir ton parrain est mort depuis cinq ou six ans qui
aurait pu avancer, mais je n'ai plus d'amis ici sur qui je puisse
compter pour obtenir ce que tu demandais, ainsi je te conseille de
garder ton poste. Si tu es sage Dieu te feras
page 15
la grâce de t'avancer et
de te monter plus haut. Je t'apprendrai que ton frère William qui avait
voulu être marin eu le malheur de se noyer il y a trois ans dans une
rivière de Hollande et que Pierre ton frère aîné mourut et fut enterré
à La Havane le mois de juillet dernier (1763). Tu est
le seul le garçon qui me
reste avec eux cinq filles dont l'aîné a 21 ans et la plus jeune en a
7.
Elles sont toutes bien sages, Dieu merci. Quant à moi, j'ai 79 ans
bientôt
finis et grâce à Dieu je me porte bien pour mon âge. Je souhaite
beaucoup de te voir s'il est possible du moins fait-moi savoir de tes
nouvelles et de celle de ta famille. Ma femme tes soeurs et moi
t'embrassons de tout notre coeur avec ta femme et sa famille. Dieu
veuille vous bénir tous. Je suis toujours ton bon et tendre père
Signé Pierre Garcelon
À Saint-Pierre ce 20 juin 1764
Un de tes oncles de Bordeaux m'a fait faire des compliments depuis peu
mais je ne sais rien de ta grand-mère, ni de tes autres parents de ce
côté-là
James a 25 ans
2 notes volantes :
16,
James Garcelon was born September 4, 1761
William Garcelon was born July 2, 1763
Peter Garcelon was born July 8, 1765
Daniel Garcelon was born February 5, 1768
Marc Garcelon was born January 22, 1771
17,
I think this is doubtless the hand
writing of our an
cestor James Garcelon, since
there are traces of the French
language in it and perhaps
the only
specimen of his hand in existence
Lucy Garcelon born Sept. 27, 1778
Sally Garcelon born June 27, 1776 ., of the
two daughters of the family
Signed Octavia D. Garcelon
Je pense que c'est
sans
doute l'écriture manuscrite de notre ancêtre James Garcelon,
car il y a des traces de la langue française et peut-être le seul
spécimen de sa main dans l'existence,
Lucy Garcelon née le 27 septembre1778
Sally Garcelon née le 27 juin 1776 des deux filles de la famille
Lettre 7, page 18,
Mon cher enfant
J'ai reçu avec un sensible plaisir ta lettre quatre mois après sa date,
ta
mère et ta soeur qui sont ici ont eu la même joie, et je ne doute pas
que Marthe qui est en apprentissage à Londres n'y est le même plaisir
dès que je lui manderai que nous avons de tes nouvelles car tu as cinq
soeurs dont Manon est l'aîné âgé de 21 ans qui est couturière en robe
et
qui demeure en la ville avec une de ses soeurs pour apprendre cette
profession.
Je
t'avais écrit cinq ou six lettres sans avoir reçu de réponse parce que
tu les adressais mal, ainsi sert toi toujours de l'adresse de Monsieur
Mathieu Perchard. J'apprends aussi avec plaisir que tu as eu 2 enfants,
Dieu veuille les bénir avec toi et ta femme, mais il faut les élever
dans la crainte du Seigneur et leur donner bon exemple si tu veux
attirer sur eux et sur toi à la bénédiction de Dieu. Si je trouve
l'occasion de t'envoyer sûrement la petite argenterie je te le ferai,
mais compte que tu ne la perdras pas, ta mère ou tes soeurs t'en
rendront compte, tu me marques et tu me
l'avais mandé de Lisbon il y a près de 4 ans, que tu es contremaître
d'un bâtiment et qu'on t'en a promis le commandement après son
page 19,
voyages,
si tu as ce bonheur, remercies en Dieu et sert fidèlement tes
bourgeois, il faut avoir autant de soin de procurer leur avantage, que
de bien faire tes affaires. C'est le moyen de passer pour
honnête homme et de ne pas manquer d'emploi.
Si Dieu te fait la grâce
de commander un bâtiment et que tu eusses l'occasion de venir dans
cette île j'en aurais un sensible plaisir de t'y embrasser. Je crois
que si tu y conduisais une cargaison de rhum, de sucre et de riz tu les
vendrais bien et tu pourrais prendre ici de l'eau-de-vie, du vin et
autres choses pour porter à Boston ou à Cap Ann. Tu trouverais
peut-être des enfants pour aller en service à Boston ou ailleurs.
Écrit-nous au moins 2 fois l'année et nous ferons la même chose.
Mon cher ami soit sage, ménage ce que tu gagnes pour élever la famille.
Je suis à la veille de quatre-vingts ans et je ne puis te secourir
ayant encore 3
filles incapables de gagner leur vie, la plus jeune n'a 8 ans.
Toute la famille t'embrasse avec eux ta femme et tes enfants, ta mère
et Manon surtout vous souhaite mille bénédictions, je prie Dieu de tout
mon cour de vous les accorder. Nous sommes en bonne santé Dieu merci.
Je suis avec toute l'affection possible ton bon et tendre père.
Signé Pierre Garcelon
À Saint-Pierre du Bois ce 20 avril 1765
Adresse de telles lettres à Monsieur Mathieu Perchard marchand à
Londres pour faire tenir à Monsieur Pierre Garcelon ministre à
Guernesey.
feuille 20,
adresse sur une enveloppe:
Monsieur James Garcelon at
capitaine Daniel Gibbs in cap Ann
by the
Boston way to be left
at Mr Paul Rivoires
Goldschmidt in Boston.
Lettre 8, page 21,
à Saint-Pierre du Bois ce 18 mai 1767
Mon cher enfant
j'ai reçu ta lettre que tu m'as écrite de Malige deux mois après sa
date,
elle nous a fait beaucoup de plaisir d'apprendre de tes nouvelles et de
ta famille qui commence à augmenter, Dieu veuille la bénir de même que
le père et la mère. Tu dois mon enfant pensé à ménager ce que tu gagnes
pour l'élever et puisque tu as le bonheur d'être commandant d'un petit
vaisseau, tu viendras à en commander un plus grand si tu es sage et que
tu seras fidèlement tes bourgeois comme j'espère que tu le feras je
serais bien consolé si je pouvais t'embrasser avant de mourir, mais il
faut se soumettre à
la volonté de Dieu qui gouverne toute chose. Je te recommande toujours
sa crainte et son amour et son service élève tes chers enfants dans la
même voie si tu veux envisager de la joie. Nous nous portons tous bien
Dieu merci à
présent nous avons failli perdre ta plus jeune soeur âgée de 11 ans
____, la
petite vérole qui a fait ici beaucoup de ravages ta soeur Manon qui est
en apprentissage à Londres, pour ___, a été aussi fort mal, mais Dieu
merci elle est bien rétablie.
Ta mère et tes soeur et moi t'embrassons aussi bien que ta chère femme
et
tes chers enfants et nous vous souhaitons toutes sortes de prospérité
je crois que si tu m'écrivais par Londres j'aurais plus souvent de tes
nouvelles et tu
aurais plus souvent des nôtres. Il faudrait faire adresser tes lettres
comme suit à Monsieur Perchard négociant à Londres pour rendre à
Monsieur Garcelon ministre à Guernesey et je te ferai réponse par la
même moyen, Il n'y a
point de commerce de cette île ni de celle de Jersey pour Boston ni
pour Cap Anne, ce qui est cause qu'on ne peut avoir que rarement des
nouvelles les uns des autres.
Je t'embrasse du plus profond de mon coeur et tous ceux qui
appartiennent et suis toujours ton bon et tendre père.
Signé Pierre Garcelon
à Saint-Pierre du Bois ce 18 mai 1767
feuille 22,
Enveloppe:
To
Mr. Job Prince Marchant at Boston
to be send to Daniel Gyps for Monsieur Garcelon
Cap Anne
James Garcelon
Lettre 9, page : 23,
À Saint-Pierre du Bois ce 12 mars 1770.
Mon cher enfant, il n'y a que huit jours que je t'ai écrits par un mot
à Monsieur de Jersey qui va à la pêche sur le banc de Terre-Neuve. Je
prends encore cette occasion afin que si tu ne reçois pas de mes
nouvelles d'un côté, tu en reçoives de l'autre je te le répète ici ce
que je te mande dans mon autre lettre c'est que grâce à Dieu nous nous
portons bien pour le présent Dieu veuille qu'il en soit ainsi de toi de
ta femme et de ta famille que nous embrassons du plus profond de notre
coeur, comme il y a plus de deux ans que nous n'avons eu de tes
nouvelles ce qui nous causent beaucoup
de chagrin, je te prie de m'écrire au plus tôt par Londres adresse la
lettre à Monsieur Perchard négociant audit Londres pour me le faire
tenir.
Je ne savais pas jusqu'à présent qu'il y avait deux Messieurs Mesurier
à Boston ou aux environs, l'un nommé Thomas dans Boston même l'autre
James qui se tient à Marbella ce dernier est de la paroisse de Saint
Pierre du Bois, il est fils du sieur Pierre Mesurier de la mare?, et tu
dois le connaître, l'autre est de Torteval. Tu pourras savoir de leurs
nouvelles par Monsieur Job Prince marchant de Boston pour lequel ces
messieurs Mesurier naviguent. Tu pourrais m'écrire par eux si tu
pouvais faire connaissance avec eux et peut-être recevoir par leur
moyen ce que tu as ici. Je
te recommande toujours la crainte de Dieu, nous vous embrassons tous du
profond de notre coeur, je suis toujours ton tendre père âgé de 83
passé
je ne souhaite rien tant que de te voir avant que de mourir s'il te
s'il plaît à Dieu.
Pierre Garcelon
À Saint-Pierre du Bois ce 12 mars 1770.
feuille 24,
Morceau d'enveloppe portant l'adresse Garcelon chez Daniel Gibbs à Cap
Anne.
Lettre10, page : 25,
à Saint-Pierre du Bois ce 13 novembre 1770
Mon cher enfant,
J'ai reçu ta dernière lettre en date du 14 août dernier il y a deux ans
passés que j'en avais reçue et j'étais en peine de toi et de ta chère
famille. Ta lettre m'a fait grand plaisir d'apprendre que tu te portes
bien, Dieu merci, de même que ta chère femme et ta chère famille que
nous regardons comme d'autres nous-mêmes. Tu me mande que tu es pauvre
et
que
tu vas à la pêche pour gagner ta vie parce que le commerce est mort
dans le pays où tu es. Il en est de même ici, je compatis de tout mon
cour à ton
État, si je le pouvais changer en un meilleur, Dieu sait avec quel
plaisir je le ferai pour toi mon enfant pour ta famille et pour tes
soeurs qui sont au
nombre de cinq comme je te l'ai écrit il y a longtemps. Je leur ai fait
apprendre des professions, mais le temps est si mauvais que presque
personne ne fait travailler ainsi elles sont toutes à ma charge. Je
t'enverrai à peu près la part de ce que je t'ai donné par mon testament
que j'ai fait il y a deux ans, par lequel je fais égal à tes soeurs et
je te donne ma montre pour ton droit d'aînesse. Tu dois donc que
recevoir s'il te plaît à Dieu par la
voie de Monsieur Kirk Patrick un correspondant à Londres, six guinées
en or, deux cuillères d'argent à soupe, six à thé avec la pincette pour
ta femme marquée à ton nom de sachant pas le nom de ta femme et un
mouchoir aussi pour elle, plus une coupe d'argent à deux anses que ma
femme et moi donnons à ton fils Pierre qui porte mon nom, avec le petit
mogue d'argent que ton parrain te donna, de plus une paire de boucles
d'argent avec une boucle à nez,, et six pieds de belles toiles avec le
trois paires de bas, deux chemises fines, une pièce__, pour faire
une___, et
culotte avec une pièce d'étoffe pour tes chers enfants. Je pourrai
payer le prix s'il y en a à payer afin que tu recoive le tout sans
qu'il t'en coûte ___ je
page 26
t'envoie pas
ma montre, j'en ai besoin Dieu sait pour combien de temps, ta mère et
tes soeur t'embrassent de tout coeur ainsi que ta chère femme et tes
chers enfants, j'en fais de même. Dieu veuille vous bénir tous
ensemble. Les parents de Monsieur Mesurier ont été bien aise de
savoir de tes nouvelles ils se portent bien.
Écrit moi dans toute occasion que tu trouveras, Dieu sait si je verrais
jamais plus de tes lettres, je suis à ma 85e année est bien
faible. Je sers pourtant encore une paroisse, je suis sans réserve
toujours ton bon et tendre père
Pierre Garcelon recteur de Saint Pierre du bois
à Saint-Pierre du Bois ce 13 novembre 1770
Je t'envoie quelques sermons si tu es sage et craignant Dieu tu dois en
profiter.
Il a __ le grand Dieu de me faire profiter cette bonne lettre
de mon père Pierre et de servir le grand Dieu des bontés amen __ toute
ma
vie. (probablement une note ajoutée par james)
Lettre11, page 27,
Guernesey ce 12 octobre 1771
Mon cher enfant.
J'ai
reçu ta dernière lettre il y a trois semaines par
laquelle tu mande que tu as reçu ce que je t'ai envoyé par la voie de
Monsieur Kirk Patrick marchand de Londres avec le reçu que tu en as
donné, que le dit marchand m'a envoyé tu te plains de mon testament
disant que tu n'as pas de part aux meubles, mais je n'en ai point
d'autre que ceux tu as vu dans la maison et qui sont vieux de 50
ans. ; je
crois t'avoir rendu justice jusqu'ici et si Dieu prolongeait ma vie je
te ferai part de mes épargnes comme à mes autres enfants. Tu n'as pas
ici
d'autre mogue que celui que je t'ai envoyé et qui est du don de ton
parrain comme tu peux voir au-dessus du mogue où son nom est gravé.
Pour ma montre que je te donne par mon testament j'en ai besoin pendant
ma vie et ta mère ne manquera pas de te l'envoyer telle qu'elle est car
elle est vieille, mais elle marche encore assez bien. Nous avons eu
bien de joie d'apprendre que ta chère femme et que ta chère famille
était en bonne santé au départ de ta lettre. Dieu veuille vous la
continuer et ses bénédictions je vous embrasse tout coeur, père, mère
et
enfants et vous donne tous ma bénédiction.
Ta mère et tes soeurs vous embrassent tous du profond de leur coeur. Si
elles étaient des garçons comme elles sont des filles tu les verrais
bien sise à Cap Ann. Elles travaillent toutes à la couture. L'aînée est
à
Londres sous- maîtresse dans une école et une autre va partir d'ici
pour
aller la trouver. Capitaine Rolland de la Rue des Cornettes me dit il y
a huit
jours qu'il t'avait vu il y a deux ans ou environ à Cap Ann qu'il avait
été chez toi et il y avait mangé en une jolie petite maison que tu as
fait bâtir. Cela nous a fait grand plaisir. Le Sieur Rolland me dit
aussi que tu es associé de moitié
avec le frère de ta femme dont il
m'a fait un agréable éloge.
Adieu mon cher ami, je suis toujours ton bon et tendre.
Signé Garcelon.
J'oubliais de te dire que tu n'as point eu la petite vérole de ma
connaissance ni de celle de ma femme mais il ne faut pas la craindre,
il y a bien des personnes qui ne l'ont jamais.
Guernesey ce 12 octobre 1771
feuille 28,
enveloppe adressée à :
James Garcelon at Daniel Gibbs at
Cap Ann Boston
Lettre12, pages 29,
30, 31,
à Monsieur James Garcelon à Cap Ann
Saint-Sauveur en Guernesey le 12 mars 1773
Monsieur
Quoi que je n'aie point eu de réponse de vous à la lettre que je vous
ai
écrite en date du 19 octobre dernier je crois devoir vous écrire cette
seconde pour vous instruire plus amplement des choses qui vous
concernent arrivées depuis ce temps-là.
Dans ma précédente je vous
apprenais la mort de Mr. votre père arrivé le 15 septembre 1772, ses
dispositions testamentaires qui vous étaient déjà connue et le choix
qu'on avait
fait de moi pour soutenir ici vos intérêts ou être votre curateur aux
biens de la succession du défunt je vous disais aussi qu'il y avait des
commis de justice devant qui tout devait se passer et qu'on avait même
déjà commencé à vendre les meubles que selon l'estimation qu'on n'en
faisait et vu ce que vous aviez reçu de ladite succession je ne croyais
pas qu'il vous en revenait grand-chose.
Je dois vous dire aujourd'hui que tout est fini, qu'on m'a apporté dans
la vente toute l'attention et l'exactitude possible ainsi que dans le
partage du tiers entre vous et vos soeurs et on a trouvé que bien loin
qu'il vous revint quelque chose comme je l'aurais souhaité il est
démontré par un mémoire que je
page 30
vais vous transcrire ici que votre lot
est plus fort que
celui de chacune de vos soeurs de 4 # 10 sols 6 deniers
tournois. Vous concevez que l'argenterie que vous avez reçue a été
estimée au prorata de celle qui se trouvait à la maison, on aurait
voulu estimer aussi les hardes qui
vous avaient été envoyées, mais je m'y opposais si fort qu'on ne le fit
pas.
Voici ce mémoire :
Vente des meubles et effets de la succession la - 984 livres 8
sols 3
deniers
Rente afferme de la paroisse dues se montant à - 663 livres 7
sols 3
deniers
Total ----------------------------------------------- 2 647
livres 15 sols 6 deniers
Ce que vous avez reçu estimer -------------------- 135 livres
9
sols
Joint avec le total --------------------------------- 2 783
livres 7 sols 6 deniers
Sur quoi il y a à déduire les dépenses et les frais 426 livres 11
sols10 deniers
Net de la succession ------------------------------ 2 356 livres 12
sols 8 deniers
Sur quoi il faut déduire les -------------------------- 4
livres 10 sols
qui vous reste à partager en 3 portions égales --2352 livres
2 sol 2 deniers
Reste à partager en 3 portions égales ------------2 352 livres 2
sols 2 deniers
Pour le 1° tiers qui revient à la veuve ------------- 784 livres et 5/8
Pour le 2e
tiers qu'on doit mettre dans les fonds
dont la veuve jouira de
l'intérêt sa vie durant et
qui doit revenir aux enfants par égales
portions
après sa mort ----------------------------------------- 784
livres et 5/8
Pour le tiers aux enfants au nombre de 6 --------- 784
livres et 5/8
Qui fait pour chacun --------------------------------- 130 livres
13 sols 5 deniers tournois
Total ------------------------------------------------- 2 352
livres 2 sols 2 deniers.
Vous voyez par ce mémoire doit
vous revenir après la mort de votre belle-mère la 6e partie
784 livres 6 deniers tournois qui fait 130 livres 13 sols 5 deniers
qui sera assurée pour vous aux annuités au nom de Messieurs Curages et
Molinié curateur du testament de feu Monsieur votre père.
Je dois vous dire de plus que pour le mogue de de feu votre frère
j'ai si fort insisté qu'il vous appartenait qu'on
page 31
a été forcé enfin de
me le remettre aux mains. J'en suis donc saisi et tout prêt à vous
l'envoyer dès que vous m'aurez eu indiqué par quelle voie à moins que
vous n'aimassiez mieux que je vous en fisse tenir le montant qui serait
plus sûr pour vous est plus commode pour moi. Si vous choisissez ce
dernier parti je le ferai estimer et le vendrais au plus haut prix
qu'il sera possible, il n'y a en outre, une cuillère et une fourchette
aussi d'argent qui sont aussi avec le mogue qui appartient aussi à feu
votre frère et que j'ai en mains. Donnez-moi vos ordres là-dessus et je
les exécuterai ponctuellement.
Persuadé que vos soeurs vous auront écrit je ne vous en dirai autre
chose sinon qu'elles sont toutes cinq en Angleterre et leur mère aussi
et
je n'en ai aucune nouvelle.
Je vous souhaite une parfaite santé à toute votre famille et
je vous
prie de me croire votre affectionné serviteur et ami Jean Godefroy
recteur de la paroisse Saint-Sauveur.
J'oubliais de vous dire que j'ai
aussi pour vous la montre de feu votre père je vous l'enverrai avec eux
les choses susdites.
Le double de celle-ci est parti par la voie deTerre-Neuve ansi vous
aurait deux au lieu d'une si elles vous parvenaient.
Il y aura dans celle-ci une bonne nouvelle pour vous qu'on vient de
m'apprendre c'est que Madame votre belle-mère se déssiste de son
second tiers si elle persiste dans ce dessein j'aurais votre aprt à
vous envoyer, savoir
130 livres 18 sols 5 deniers tournois.
Page 32,
Il est temps à quatre-vingt ans
de quitter cette terre
À tout homme de bon sens
qui au vrai Dieu espère
Je laisse donc sans regret
Adieu mes chers enfants adieu
je quitte sans regret ce lieu
Si je n'ai pas le doux plaisir
de vous voir à ma table
Avant que vienne me saisir
l'ennemie intraitable
Souvenez-vous mes chers enfants
que Dieu avait compté mes ans
Je donne à tous ma bénédiction
c'est le seul héritage
que je vous laisse pour caution
et le plus précieux gage
de l'amour que je vous ai porté
en maladie et en santé
ne désobéissez jamais
à votre tendre mère
à qui je laisse désormais
l'autorité du père
Respectés la ayez en soins
Dieu vous le rendra au besoin
allez aux deux derniers sizains à cette marque *
Page 33,
Bref, si vous souhaitez
que le ciel vous bénisse
priez le dieu des bontés
de vous être propice
enfin ne faites jamais rien
qui ne sois digne d'un chrétien
Observez entre vous la paix
fuyiez la flatterie
souvenez-vous de moi quelque fois
c'est ce, dont je vous prie
Adieu mes chers enfants adieu
je quitte sans regret ce lieu
Puis qu'au tout puissant il plait
Adieu mes chers enfants adieu
* soyez exacts soir et matin
à faire vos prières
adressez les au souverain
le père des lumières
quiconque fait autrement
viole son commandement
les dimanches ne manquez point
aux saintes assemblées
célébrez y le saint festin
aux heures ordonnées
dites toujours la vérité
et fuyez l'oisiveté
Bref si vous souhaitez comme dessus
Page 34,
Ne désobéissez jamais
à votre chère mère
à qui je laisse désormais
l'autorité de père
Respectez la ayez en soins
Dieu vous le rendra au besoin
Adieu mes chers enfants adieu je quitte sans regret ce lieu
Observez entre vous la paix
Fuyez la brouillerie
Souvenez-vous de moi quelque fois
C'est ce dont je vous prie
Enfin ne faites jamais rien
qui soit indigne du chrétien
Je quitte sans regret ce lieu
L'adieu à mes enfants
Page 35,
Il est temps à quatre-vingt ans
de quitter cette terre
À tout homme de bon sens
qui au grand Dieu espère
Je laisse donc sans regret
Puisqu'au tout puissant il plait
Adieu mes chers enfants adieu
Je quitte sans regret ce lieu
Si je n'ai pas le doux plaisir
de vous voir à ma table
Avant que vienne me saisir
l'ennemie intraitable la mort
Souvenez-vous mes chers enfants
que Dieu avait compté mes ans
Adieu mes chers enfants adieu
Je quitte sans regret ce lieu
Je donne à tous ma bénédiction c'est le seul héritage
que je vous laisse pour caution
et le plus précieux gage
de l'amour que je vous ai porté
en maladie et en santé
Adieu mes chers enfants adieu
Je quitte sans regret ce lieu